L’éthologie, psychologie et sociologie des animaux

L’éthologie est la discipline scientifique qui étudie le comportement des animaux. Elle nous permet notamment d’en apprendre davantage sur les comportements humains, directement (les êtres humains sont des animaux) ou indirectement (en observant d’autres espèces, nous mettons nos propres comportements à distance).

Le propos de cet article n’est pas de faire une synthèse académique de recherches en éthologie, mais d’en présenter sommairement le domaine tout en renvoyant à quelques ressources plus rigoureuses.

Le tout, admettons-le, illustré par des supports trop mignons.

Imitation, empathie et cognition

Dans la vidéo ci-dessus, Frans de Waal observe le comportement moral de plusieurs mammifères. En l’occurrence, il s’intéresse notamment à des chimpanzés, des capucins et des éléphants. Pour l’éthologue, ces animaux disposent de deux piliers fondamentaux de la moralité telle que nous la concevons en tant qu’humains : la réciprocité (l’équité) et l’empathie (la compassion).

Dans un article de Sciences Humaines, l’éthologue explique qu’un certain nombre de comportements des animaux peut s’expliquer par la présence d’empathie.

https://twitter.com/ARTEfr/status/1338166794532442112

La chaine Youtube Zapping Sauvage présente quant à elle de nombreux extraits de documentaires animaliers.

L’extrait ci-dessus, par exemple, montre les interactions assez surprenantes entre un singe et un chien.

Un des risques de l’éthologie, au niveau méthodologique, est le fait d’humaniser trop le comportement des autres espèces, c’est-à-dire de les interpréter uniquement par rapport à nos « cadres de référence » d’êtres humains (anthropomorphisme). Pour être rigoureux, il s’agit de ne pas projeter le comportement moral des humains sur les animaux (contrairement à ce que le titre « animal de compagnie » de la vidéo peut suggérer).

[Mise à jour décembre 2020] Dans la vidéo ci-dessous, la philosophe Vinciane Despret relativise cette injonction à rejeter en bloc toute forme d’anthropomorphisme.

A tout le moins, dans la vidéo de la chaine Zapping Sauvage, le primate témoigne d’une forme d’imitation (ici, du comportement humain), qui est en soi une forme d’apprentissage par décentration.

Ce phénomène « d’alliance » inter-espèces s’observe dans d’autres circonstances, y compris chez des animaux qui ne sont pas domestiqués.

Dans le documentaire L’évolution en marche (épisode 1 sur 3 ici), des babouins, des chiens et des chats sauvages coopèrent autour d’une décharge publique. Cela leur permet d’obtenir une nourriture abondante, sans intervention de l’être humain (en-dehors du fait d’avoir « créé » cette décharge)… Comme Frans de Waal suite à ses recherches, certains observateurs notent que cela remet en cause une perception du monde animal comme étant essentiellement compétitif. La compétition et la violence ne sont pas « naturelles » : quand des animaux ont de quoi satisfaire leurs besoins primaires (manger, boire…), ils ne s’affrontent pas et socialisent aussi, y compris avec ceux qui sont différents.

Plusieurs espèces de mammifères montrent en outre des capacités d’imitation, mais aussi de compréhension langagière symbolique (et donc cognitive) assez poussées.

Le documentaire Une conversation avec Koko le gorille montre comment ce gorille a appris et s’est réapproprié la langue des signes. Il parvient à formuler des messages intelligibles et invente d’ailleurs lui-même ses propres signes.

Dans son expérience de pensée, le philosophe John Searle disserte de la capacité à utiliser le langage. Il dit que ce n’est pas parce qu’une entité (un robot, une intelligence artificielle, ou un être humain qui aurait simplement accès à toutes les règles de langage d’une langue) est capable de formuler des réponses qui ont du sens dans une conversation qu’il en comprend lui-même le sens. Il remet ainsi en cause l’efficacité du test de Turing pour estimer si une machine est « intelligente », consciente. Ici, Koko montre non seulement qu’il maîtrise la grammaire et le vocabulaire d’une forme de la langue des signes, mais en plus qu’il en comprend au moins en partie la logique et la signification.

Conscience de soi et conscience du monde environnant

Dans la vidéo ci-dessus, le comportement de ce chien illustre qu’il a conscience de son environnement et de comment ils peut l’utiliser en tant qu’outil pour atteindre ses objectifs.

Les illustrations d’animaux utilisant des outils sont courantes sur Internet.

> Orangutan from Borneo photographed using a spear tool to fish – By Gerd Schuster > Lire aussi : Orangutans Use Simple Tools to Catch Fish (2011).

En lien avec l’usage d’outils, d’autres supports montrent également qu’il existe des formes de transmission du savoir dans certaines communautés animales. Cf. par exemple Des macaques qui enseignent l’hygiène dentaire à leurs petits (Futura-Sciences.com, 2009) ou encore Et le singe créa l’outil (Libération, 2013).

Bien que ces comportements ne témoignent pas – en tant que tels – de la capacité à concevoir des outils, ils montrent que ces animaux ont une conscience de leur environnement et de la possibilité d’en faire usage et ils procèdent à des inférences basiques (en reproduisant un comportement, on obtient des conséquences similaires).

D’autres expériences montrent aussi l’émergence d’une conscience de soi. Ainsi en est-il du désormais célèbre « Test du miroir ».

En lien avec cette forme de conscience de soi et de son environnement, ainsi qu’avec l’imitation, d’autres espèces attestent de compétences étonnantes.

La magie du monde animal

Last but not least, j’ai une affection particulière pour les réactions d’animaux à des tours de magie. Si celles-ci n’utilisent pas une méthodologie scientifique à proprement parler (c’est l’un des points de vigilance à garder à l’esprit par rapport à l’éthologie et vis-à-vis des documentaires animaliers), elles illustrent en tout cas le fait que nous partageons certaines émotions « universelles » avec ces animaux.

Enjoy.