Médias : censure, influence et pouvoir

Les médias nous manipulent-ils ?

Voici comment cet article va tenter de répondre à cette question complexe.

  1. Tout d’abord, en se demandant pourquoi associer les médias et la manipulation. Comment se fait-il que l’on se méfie ou que l’on doive se méfier des médias ? Quels sont les phénomènes pointés du doigt lorsqu’il est question de manipulation ? Qui est désigné comme « tirant les ficelles », qui est pointé comme responsable, et pourquoi ? Notons qu’il est question d’examiner et interpréter des phénomènes, leurs raisons, et non de prendre parti, notamment pour telle ou telle action politique. Une des choses que l’article veut combattre, c’est justement l’absence ou le manque d’une critique constructive (un jugement nuancé) vis-à-vis des médias.
    Il s’agit surtout, dans ce premier temps, de comprendre les enjeux de la question de l’influence des médias (enjeux de pouvoir, enjeux de réflexion critique, etc.).
  2. Ensuite, nous nous demanderons comment les médias procèdent pour informer. Par quels moyens pourraient-ils dissimuler, transformer, biaiser ou du moins construire l’information ? Quelles sont  les tendances ? Comment les décrypter ?
  3. Enfin, nous tâcherons de savoir quelle est l’influence des médias. Existe-t-elle réellement ? Quelle est sa nature ? Quelle est son ampleur ? Plutôt que de répondre de manière catégorique, nous formulerons la question de manière positive : à quoi peut-on se fier ?

Plutôt que d’alimenter une méfiance (en partie légitime) envers le système médiatique pris comme une totalité, nous tâcherons de réfléchir en termes de solutions, de réflexions et d’attitudes permettant de parvenir à une confiance critique, nuancée, envers différents médias.

Nous découvrirons au fil de cet article que critiquer les médias, c’est aussi comprendre et critiquer la société dans laquelle ils naissent, c’est-à-dire les opinions et usages typiques de ceux-ci, ainsi que les idéologies ambiantes. Il convient de faire une introspection personnelle également, afin de mettre à jour nos propres attitudes et croyances par rapport à l’information véhiculée.

> Vous désirez approfondir la question des médias, leurs dérives, influences, mais aussi le rapport social qu’ils suscitent ? Découvrez un cadre de réflexion plus large via la table des matières.

> Vous pouvez également retrouver les éléments de cet article approfondis et retravaillés dans l’ouvrage Médias : influence, pouvoir et fiabilité (L’Harmattan, 2012).

Résumé de Médias : influence, pouvoir et fiabilité

1. Pourquoi la question de l’influence ? Qui se cache derrière ? Quels enjeux ?

Qui a des enjeux à communiquer ?

Historiquement, quelles dérives des médias ont pu être observées ?

Quels sont les faits désignés comme problématiques ?

Ceci est une introduction qui permet aussi de comprendre pourquoi, aujourd’hui, il existe des tendances de méfiance par rapport aux médias.

1.1. Le cas de la propagande 

Le mensonge d’un système

La propagande nazie. Des photographies de propagande, comme celles réalisées par Walter Frentz, montrent des déportés propres sur eux, travaillant calmement. Le sujet mériterait qu’on y passe des pages : voici une dérive extrême d’un système, qui a utilisé l’image et les médias (radios, télévision, affiches…) afin de tromper la population.

Notons déjà une relativisation possible du pouvoir de cette image. En effet, elle ne pourrait être analysée indépendamment des événements de l’époque. N’est-elle pas seulement un moyen de conforter les idées des esprits déjà « endormis », plus ou moins « acquis » au bienfondé d’une idéologie ? Étudier la propagande sans en étudier le contexte reviendrait à oublier tout ce système occulte et organisé qui n’a probablement pas facilité la réflexion critique.

Concernant la propagande, voir aussi le site de Reporters sans frontières, en lien avec la question de la liberté de la presse et celle des régimes politiques.

1.2. La relève de la propagande

Les politiciens

Les politiciens sont souvent pointés du doigt en ce qui concerne la manipulation des médias. Il n’y a pas besoin d’aller chercher des dictatures lointaines pour relever des accointances et stratégies d’influence entre la presse et les politiciens.

En Italie, pensons à la tutelle de Silvio Berlusconi sur les chaines privées italiennes (c’est lui qui les a créées : site de son groupe média Fininvest), ainsi que publiques (l’Etat a son mot à dire sur la télévision publique) durant sa carrière politique, par exemple.

En France, lors de son quinquennat (2007-2012), Nicolas Sarkozy semble prendre des mesures contraignant le service public, souvent désigné comme étant « à gauche » de l’échiquier politique, en supprimant la publicité sur France Télévisions (la publicité est une source de revenus colossaux pour les télévisions). Les retouches de ses poignées d’amour dans Paris Match (possédé par son ami Lagardère) ont également défrayé la chronique. Dès avant son élection en 2007, ses relations avec plusieurs patrons de la presse font froncer les sourcils d’un certain nombre de personnes. Plusieurs quotidiens français assument d’ailleurs leur orientation politique. Comme il existe de nombreux articles là-dessus, je ne veux pas tomber dans la facilité et continuer la polémique ici. Je me contente d’évoquer cette question, car l’enjeu de cet article est plus générique.

[Les « poignées d’amour » de N. Sarkozy retouchées dans Paris March : 20minutes.fr]

La problématique se pose en Belgique également. La composition du Conseil d’Administration des chaînes publiques est liée aux majorités politiques en place, ainsi que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Notons aussi que les stratégies d’influence se manifestent parfois fort dans la presse locale (du fait de la proximité entre les individus, entre autres). Une différence avec les systèmes français et italien réside dans le fait que cette composition est orientée de manière moins « radicale », bipolaire, du fait que nous bénéficions d’un modèle proportionnel. Pas besoin non plus de trainer sur les enjeux étant donné le sur-traitement de ces faits.

1.3. Les orientations des médias : « le quatrième pouvoir »

Opinions et jugements de valeur dans la presse

Les médias d’information eux-mêmes présentent les informations d’une certaine manière. En 2007, Nicolas Sarkozy n’est pas le même présenté en France (par exemple sur TF1 ou dans Paris Match), où sa mainmise sur certains médias pose question, que vu et critiqué à l’étranger, par exemple sur une chaine publique belge. Ce sont dans ce cas parfois les journalistes eux-mêmes qui laissent la place à leurs avis, à leurs orientations politiques, et qui émettent des jugements de valeur biaisant l’information. Cela dépend également d’une organisation hiérarchique dans les titres de presse.

En 2009, Barack Obama reçoit un Prix Nobel de la paix, alors qu’il est à la tête d’un pays fortement engagé en termes de forces armées (le Washington Post parle de 75 pays contre lesquels les USA sous Obama seraient encore en guerre). Cependant, en Europe et au moins durant son premier mandat, il n’a jamais été critiqué comme son prédécesseur G. W. Bush l’a été. Pourtant, les politiciens européens n’ont a priori pas grand-chose à voir avec le discours anti-Bush/pro-Obama.

Par ailleurs, les médias flamands chez eux critiquent la Wallonie, mais les flamands sont aussi vus et critiqués par certains médias francophones, etc.

Ceci témoigne de l’orientation idéologique de la presse (voire d’une certaine opinion publique que celle-ci refléterait), souvent identitaire. Cette dernière est beaucoup plus « perverse » que la seule question politique, car elle est moins manifeste que des erreurs ou de simples stratégies de communication. Elle n’est pas toujours voulue ou consciente. Elle alimente la différenciation entre un « nous » et un « eux ». Elle crée des camps qu’elle oppose et des bouc émissaires, parfois jusqu’à une certaine haine.

> Pour aller plus loin à ce propos, cf. les problématiques de l’identité ainsi que communautarismes : le cas belge.

Communautarismes : le cas belge

1.4. La publicité, le paramètre économique

Lobbies, multinationales, industries…

Évoquons simplement les lois du marché (par exemple, parler de « crise », de « morts », de « pandémie », c’est très vendeur), les logiques commerciales, les groupes de pressions (industrie du tabac, de l’alcool, du coca, Mobistar…). C’est le pourquoi on mesure les audiences.

Des matches de sport sont truqués pour de l’argent. Dès lors, pourquoi ne truquerait-on pas l’information ? Cela vaut pour Google (dont la neutralité est remise en cause devant la justice en 2011) ou encore Wikipédia (qui fait l’objet de « retouches » par des personnes intéressées) : quid des instances qui ont des enjeux marketing à communiquer ?

Les médias sont sollicités par de nombreux groupes d’intérêt, soit explicitement (via la pub, par exemple), soit de manière plus subtile (lobbying, sollicitations pour des articles, etc.).

Financement et indépendance de la presse : la fiabilité et le pluralisme sont-ils menacés ?

Publicités, clichés et formatage culturel

L’influence directe de la pub est relativisée par plusieurs études « médiatiques ». On n’arrive tout du moins pas à déterminer précisément quel est son véritable impact sur la consommation. Les individus se disent en majorité ou significativement contre la publicité, les zappent, se plaignent qu’elles vont trop fort, etc. Sur les centaines de publicités que nous voyons chaque jour, combien nous touchent effectivement ? Il existe une tendance à en prendre le contrepied.

Néanmoins, si nous ne sommes pas influencés directement comme le voudraient certains publicitaires (envie immédiate d’acheter le produit), d’autres « valeurs » sont véhiculées par ce mode de fonctionnement, comme le mythe du quantitatif, du « toujours plus », comme sur Facebook où le nombre de likes ou d’amis semble parfois importer davantage que ce qu’ils signifient et qui ils sont réellement. Pensez à tous les slogans du genre « demandez toujours plus » « demandez plus à votre argent » (Crédit Lyonnais), « demandez plus à la vie » (Mobistar), etc.

Des représentations et clichés sont également colportés dans la pub (ainsi en est-il des pubs pour l’alcool).

Aliénation

Au-delà de ces valeurs spécifiques et de stéréotypes, les médias alimenteraient en fait un système à un niveau macroscopique. Pour Adorno, notamment, ils contribuent à renforcer le capitalisme, un monde de consommation et les idéologies qui gravitent autour. Ils aliéneraient les individus par rapport au système. Nous baignons dans une idéologie avec tout un socle d’idées reçues et de modes de fonctionnement implicites : création de besoins, réification de l’idée de « réussite » et de celle de « progrès » au critère financier, idéologie de croissance, augmentation de la consommation, etc.

Économie des médias

Le business dicte en tout ou partie certaines lignes éditoriales. Sans aller jusqu’aux manipulations et idéologies aliénantes, les enjeux économiques dicteraient le fonctionnement des médias d’information, nourrissant les logiques de scoop, d’exclusivité, de « buzz », de quantité (et simplicité) au détriment de la qualité, etc. Ainsi en découlent des mécaniques de mise en récit, des stratégies de séduction… Celles-ci favorisent ce qui est vendeur (et donc dehors des débats de fond, de la complexité, de tout ce qui pourrait apparaître comme ennuyeux).

Ces logiques économiques posent entre autres la question de l’uniformisation de l’information (voir à ce sujet le traitement médiatique de DSK), la primauté au scoop et à l’immédiateté (cf. BFMTV et le journalisme-réalité : on ne sait rien, mais on vous dira tout) et invitent à réfléchir le thème de la préférence pour le divertissement et ce qui est « séducteur » dans les médias (notamment le divertissement à la télévision).

Récits médiatiques : le cas DSK

Financement et indépendance de la presse : la fiabilité et le pluralisme sont-ils menacés ?

L’influence directe, immédiate et hypothétique émanant de « producteurs » n’est à mon avis pas ce qu’il y a de plus « à craindre ». Il faut aussi réfléchir à nos réactions. Certaines personnes choisissent le rejet systématique des médias d’information « traditionnels ». Ce refus massif, en bloc, cette position sans nuance, est-elle plus intelligente que de « tout » gober ?

Ainsi, plutôt que de critiquer « passivement » une des sources de « non-réflexion », ne devrait-on pas s’attaquer à la « non-réflexion » en tant que telle ?

1.5. Les idéologies, influence « cachée »

Le « socle idéologique » de la société : préjugés, sens commun, croyances partagées

Je vais être amené à développer cette idée : il semblerait que l’influence ne soit pas réellement où on aurait tendance à le croire. Une partie du public a en effet tendance à penser que le méchant-média va tenter de le corrompre avec sa propagande. Or, dans les faits, il se trouve que les gens n’adhèrent souvent qu’à des propos qui leurs sont proches, familiers (Cf. lexique : théories des médias, de l’information et de la communication), à des idées auxquelles ils sont déjà enclins, à des propos qu’ils « apprécient ».

En bref, les personnes auraient plutôt tendance à « gober » ce qu’elles veulent entendre… tout en critiquant aveuglément le reste. Cela retourne le problème : au lieu de seulement critiquer le média, il faudrait aussi éduquer le public, l’encourager à se remettre en question(s), ainsi qu’à identifier les valeurs, postulats et tabous de la société dans laquelle évolue ce média (Cf. lexique : Ricoeur).

Dans un jugement ou une croyance, on peut analyser ce qui est jugé, mais aussi la position de celui qui juge et enfin le jugement en tant que tel. Certains individus seraient en réalité démunis lorsqu’il s’agit de distinguer une information fiable d’un mensonge.

Or, si un média veut « vendre » et être « crédible », il n’a pas spécialement intérêt à trop bousculer le public dans ses croyances. On obtiendrait donc des médias qui, au lieu d’informer, se feraient simplement le miroir du sens commun et de ses critiques les plus consensuelles, les plus partagées, les moins remises en cause – et donc les moins réfléchies, les plus simplistes, d’autant plus quand le format s’y prête.

> C’est l’exemple typique du micro-trottoir. L’article la socialisation contre l’information de @cyceron rejoint ces considérations.

Si nous appliquons le modèle des trois mimésis de Ricoeur à la question des médias, nous obtenons l’idée qu’un média s’inscrit toujours dans une culture/une société qui lui pré-existe. Il ne nait pas indépendamment de celle-ci. Ce média « transforme » la réalité dont il parle, la configure à sa manière, la formate, tout en ne rendant pas compte de toute cette réalité. Enfin, le récepteur confronte sa vision du monde à celle du média. Ainsi, un média nait dans un contexte où cohabitent plusieurs visions du monde, il en rend compte partiellement et imparfaitement, par son prisme, et enfin une partie du monde la reçoit de manière différenciée, en fonction toujours d’une origine et d’une existence, donc d’un certain point de vue (qui a en partie contribué à son élaboration !) et le modifie une fois encore. C’est en prenant en compte tous ces paramètres (production de l’information, construction de celle-ci, choix des sujets et traitement des données, mais aussi contexte socio-culturel, pratiques, usages et opinions) que l’on peut parvenir à une critique la plus fine possible du système médiatique (pour peu que l’on puisse l’étudier comme un tout).

Pour alimenter le questionnement et visionner des anecdotes vis-à-vis des médias, nous vous suggérons certains épisodes du Petit Journal sur Canal+, dont quelques-uns sont très évocateurs de certaines dérives médiatiques/mercatiques/politiques. Notons que cette émission est l’objet de polémiques (voir sur @rrêt sur images). Critiquer les médias revient aussi à critiquer la critique des médias, autrement dit à adopter une position réflexive par rapport à la critique envers les médias.

2. Comment les médias pourraient-ils nous influencer ? Comment les décrypter ?

2.1. Les médias « mentent » parfois consciemment

Bye bye Belgium, manipulations, censure… Le pouvoir de l’image

En 2006, des journalistes de la RTBF ont réussi à faire croire à de nombreux téléspectateurs wallons que la Belgique allait être scindée. Cela a eu le mérite de poser le débat sur le fait de « faire attention à ne pas croire tout ce qu’on lit, qu’on voit ou qu’on entend » dans les médias, à prendre distance par rapport à l’image. « Ceci n’est peut-être pas une fiction » : si la télévision publique belge a organisé ce « canular » une fois, elle a aussi posé plus largement le débat des manipulations par les médias. Lorsqu’une image est montrée quand quelque chose est commenté, cela peut conforter la tendance à croire qu’il s’agit de faits puisque ceux-ci sont vus. Or, ce raisonnement biaisé néglige totalement le choix de l’info (agenda setting dans le lexique ou agenda-setting theory en anglais sur Wikipédia), son cadrage, son traitement, sa mise en forme, son interprétation…

Deux choses peuvent être retenues ici :

  • Face à une image, la crédulité peut être plus grande (fonction d’attestation de l’image), et la « prise de distance » peut être moindre ;
  • La plupart du temps, les images, comme les chiffres, peuvent être interprétés. Il est donc relativement facile d’induire en erreur avec ceux-ci.

Rappelez-vous de l’image de foule utilisée par la RTBF lors de cet événement télévisuel pour faire croire que les anversois fêtaient la scission de la Belgique. Elle venait de leurs archives. Le JT ou la presse écrite sous-tendent une impression de recevoir la pure information (caractère authentifiant du dispositif (et idéologie vis-à-vis du journaliste et de sa neutralité ?), comme si le téléspectateur pouvait regarder par une fenêtre et y voir le monde entier. C’est pareil pour la radio, et même pour Internet).

Empressons-nous de nuancer : ce reportage n’a pas laissé le belge indemne. Et si cela avait changé son rapport aux médias ? Et s’il n’avait pas, depuis, adopté une attitude encore plus méfiante envers l’information en général ?

Entre une confiance aveugle à une méfiance aveugle, n’y a-t-il pas tout un panel d’attitudes préférables ?

2.2. Les médias colportent des idéologies « inconsciemment »

Bye bye Belgium était un coup monté pour tenter d’enclencher une certaine prise de conscience. Cette fois là, la RTBF a rendu explicite que c’était une « fiction ». Néanmoins, ce que les médias véhiculent parfois comme idéologies (et/ou orientations politiques), dans le JT ou autre part, est plus grave, car cela peut passer inaperçu. La façon dont France 2 a traité l’information rappelle également l’idéologie sociale que peut refléter un JT (en l’occurrence, sur la télévision française, la vision du belge reste parfois marquée par les stéréotypes).

Notons cette considération de Ricoeur (dans L’idéologie et l’utopie) : une idéologie fonctionne d’autant mieux que son occultation – sa dissimulation d’elle-même – est forte. Cela signifie que moins on voit qu’il y a une idéologie – plus on trouve que ce qu’on nous dit est « neutre » et « normal » – , plus on devrait en réalité se méfier. Les médias qui se présentent comme objectifs et neutres, alors qu’ils communiquent des valeurs et des visions du monde partagées, sont plus pervers que ceux qui assument et sont transparents à propos de leurs valeurs et visions du monde.

Présupposés épistémologiques en journalisme et en éducation

Cela ne vaut pas uniquement pour les médias. On trouve des applications dans la culture (collectif d’individus), mais aussi pour les valeurs à un niveau individuel : plus une personne pense son avis comme allant de soi, plus il y a de chances que cet avis soit basé sur des présupposés qu’elle ne prend pas la peine de mettre en doute. Or, il n’y a rien de pire qu’une croyance qui s’érige en dogme, indubitable et indiscutable.

Dans L’idéologie et l’utopie, Ricoeur écrit ceci :

« L’idéologie est toujours un concept polémique. Elle n’est jamais assumée en première personne : c’est toujours l’idéologie de quelqu’un d’autre ».

C’est une invitation : ce n’est pas tant les idéologies de « l’autre » que les miennes que je dois interroger.

2.3. Les médias choisissent (et donc occultent) les informations qu’ils colportent

La fonction d’agenda

« En lisant le journal, les gens croient apprendre ce qui se passe dans le monde. En réalité, ils n’apprennent que ce qui se passe dans le journal ».

Philippe Geluck, Le Retour du Chat, Casterman, Bruxelles, 2002 (1987), p. 15.

Le choix de l’info : est-elle vraiment exhaustive ? Qu’est-ce qu’on veut bien nous dire, qu’est-ce qu’on nous cache, sans même parfois s’en rendre compte ? Quelle est la société qui parle au travers des médias ?

La presse, les journaux et la télévision ne colportent jamais de l’information pure et complète, tout simplement parce que les informations sont triées. Il est de toute façon matériellement impossible d’informer sur tout ce qui se passe partout dans le monde. Êtes-vous averti de toutes les lois qui sont publiées au moniteur belge ? Bien sûr que non. Par contre, Bush qui a failli s’étouffer avec un bretzel ou des « crises » en tous genres font la une plusieurs semaines, alors que ce sont en fait autant de status-quo, extrêmement pauvres en termes informationnels. Faut-il hurler à la manipulation ? Une description des lois votées, c’est chiant. Des enfants qui meurent dans un pays d’Afrique subsaharienne, c’est cher et pas facile d’envoyer des journalistes sur place pour capter l’événement. Un président des USA qui a failli s’étouffer avec un bretzel, je peux en parler demain avec mes collègues à la machine à café.

Ainsi en est-il par exemple de « la chute » de DSK, relayée dans quasiment toutes les unes des quotidiens français, avec des titres très semblables et la même photo dans 16 quotidiens (Lire plus quant à la mise en récit de l’affaire DSK).

Parle-t-on de chaque viol en Belgique, sachant qu’il y en a près d’un par jour en moyenne ? La presse parle parfois d’une petite fille disparue ou blessée, même dans un autre pays (les enfants ça touche beaucoup, beaucoup plus), mais relativement peu de réseaux pédophiles ou d’instances plus abstraites ou liées à des populations plus marginalisées. Si la censure « externe » (par les pouvoirs publics) semble aujourd’hui très relative, cette sorte de censure « interne » se traduit entre autres dans la problématique de l’uniformisation / de la diversité, du formatage des contenus.

Ces modes de sélection, de mise en avant et de mise en forme spécifiques de l’information sont liés à des valeurs – et parfois à des tabous et préférences idéologiques notamment, mais aussi à des contraintes, éditoriales voire simplement matérielles.

Par extension, ils sont liés à l’intérêt du « consommateur », à ce à quoi « la société » accorde de la valeur. Ces questions représentent une épée de Damoclès au-dessus de certains contenus des médias. En bref, les médias communiqueraient ce qu’ils ont choisi de communiquer (en fonction de ce qui semble plaire, souvent), selon un angle de vue particulier / une certaine approche choisie également. Certains sujets obtiennent de l’importance, tandis que d’autres non (cf. la théorie de l’agenda setting et la socialisation contre l’information).

Ces choix ne sont pas nécessairement intentionnels (parfois, même pas conscients, ce qui les rend d’autant plus idéologiques) : face à la masse gigantesque d’infos du monde, il y a des choix qui s’opèrent constamment, en fonction de nombreux critères plus ou moins rationnels, éthiques, économiques, émotionnels ou encore socioculturels.

> En guise de prolongement à ces considérations et leur application à la thématique de l’insécurité, cf. l’article « Les médias nous trompent-ils ? » de Xavier Molénat (Sciences Humaines).

3. Influence réelle et solutions

La question de l’attitude par rapport aux médias : entre une réception acritique et la critique négative systématique

3.1. Influence réelle ?

Les œillères (notamment politiques) de la réception et le fait que le média naisse dans une culture (dans un contexte plein de présupposés, de préjugés, de postulats, d’idéologies)

[Idiocracy, un film de Mike Judge, 2006. Si le récepteur est ici typiquement « abruti », il ne faut pas oublier que c’est peut-être chez les gens qui se croient le plus « à l’abri », notamment de par leur formation, se sentant « l’élite » qu’il y a le plus de risques de pensée préconçue, de stéréotypes et de présupposés].

Il faut relativiser l’influence de ces « méchants médias qui nous manipulent ». Un indicateur est que vous vous intéressez à cet article : vous cherchez un point de vue à distance par rapport aux médias ! Une tendance aujourd’hui consisterait à prendre systématiquement le contrepied du discours médiatique, ce qui ne me semble pas être une solution nuancée.

Plusieurs d’entre vous arrivent d’ailleurs sur cet article via l’idée selon laquelle « X ou Y manipule les médias », « influence des médias », « censure et médias », « médias et manipulation » ou « comment les médias nous manipulent », tapée sur Google, par exemple.

En bref, par peur d’une « confiance aveugle » dans des médias qui ont montré leurs dérives, plusieurs choisiraient aujourd’hui une sorte de « méfiance systématique ». Celle-ci n’est-elle pas tout aussi aveugle ?

[Mise à jour 2017] Surtout lorsque cette méfiance s’accompagne d’une crédulité démesurée par rapport à d’autres types de sources.

Lutter contre la haine de l’autre

Il ne faut en effet pas aller trop vite. Par exemple, si vous pensez que Sarkozy est un politicien véreux, vous ne serez pas dupes face à Paris Match, le Figaro ou TF1 et vous direz « de toute façon, ce média est manipulé par Sarkozy ». Par contre, si un média le critique, vous ne vous poserez pas la question de savoir s’il est coloré ou non. Ce raisonnement marche dans l’autre sens : ceux qui sont pour Sarkozy ne le seront pas plus à cause du média, mais critiqueront les autres. Ainsi, en France, le débat de l’entre-deux tours des présidentielles n’aurait aucun impact sur les résultats.

C’est l’apogée de la campagne du second tour. Depuis sa création en 1974, le débat de l’entre-deux-tours a marqué les esprits, délivrant quelques-unes des répliques les plus connues de la vie politique comme le fameux «Vous n’avez pas le monopole du cœur» de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand en 1974. Mais cette aura est inversement proportionnelle à l’influence du face-à-face télévisé. Jamais le débat n’a permis de modifier le rapport de force entre les candidats. Quelle que soit la performance des intéressés, quelle que soit l’intensité du débat.

[…] Le débat conforte les électeurs dans leurs opinions

Politologues et sondeurs estiment qu’au maximum le face-à-face peut faire glisser 200 à 300.000 voix. […] Plus l’avance du favori sur le challenger est marquée, plus le débat a une influence marginale, résume au figaro.fr Christophe Piar (1), maître de conférences à Sciences Po.

Plus que de faire changer d’opinion, un débat conforte l’électeur dans son choix. «Celui qui est considéré comme le vainqueur du débat est toujours le favori des sondages», note Christian Delporte (2), spécialiste de la communication politique. «L’électeur retient ce qu’il a envie d’entendre et estime que son champion a été le meilleur.» «Aucune étude ne démontre un “effet débat” sur les indécis qui se décident plutôt selon une logique de vote de soutien au vainqueur ou vote de soutien au perdant», souligne le chercheur.

En bref, en quelque sorte, les médias ne changeraient pas tant nos idées, nos points de vue, mais souvent, ils offrent de quoi les nourrir et éventuellement endormir la réflexion. Nous contribuons en partie à les rendre ainsi (Voir aussi l’article : Internet : quand le murmure de la réception devient audible). L’influence potentielle en termes d’opinion sur un sujet donné n’existe que par rapport à des gens qui n’ont pas d’avis « forgé » au départ, ce qui est au final relativement marginal.

Malgré les dérives connues, liées à certains fonctionnements de la presse (dont plusieurs que nous n’abordons même pas ici, impliquant tantôt des erreurs grotesques (« des adolescents japonais se suicident à l’annonce du report de la sortie d’un jeu ») tantôt de la pure et simple désinformation (article Wikipédia de JP Pernaut trafiqué)), la tendance à postuler que les médias « mentent » et « manipulent » ne semble pas propice à une véritable réflexion critique.

Effectivement, nous pouvons constater des mises en scène de l’information dans certaines émissions, avec un dévoiement de reportages et des fautes journalistiques. Cependant, la tendance à tout rejeter en bloc est tout aussi fallacieuse et procède de la même lacune : il s’agit en général de propos réducteurs, biaisés, voire faux. Des amalgames, en somme. 

Idem pour ce qui est de la phrase : « les politiciens… tous des pourris ». En règle générale, nous invitons à éviter de parler de la société comme un tout. Cela est vide de sens. Si effectivement un homme politique peut manipuler les médias, ce n’est pas nécessairement cela qui changera votre opinion sur lui. C’est plutôt l’absence/le manque de réflexion, la critique et le rejet systématiques qu’il faut attaquer (cf. entre autres les articles Test et Question de points de vue). Bien sûr, il y a des raisons de « crier au loup », mais c’est manquer de nombreuses nuances et passer à côté de la complexité du monde que de s’en remettre à un rejet simpliste, à une interprétation « binaire » des choses (cf. notamment la question du conspirationnisme).

T’as laissé ton “esprit critique” au placard !

Médias : “Manipulation” ! “On nous prend pour des cons” !

La plupart du temps, les médias ne changent pas fondamentalement les idées, il s’agit plutôt d’un endormissement de la réflexion. Ainsi, la question du public qui ne change pas ses opinions ou qui se contente de la simplicité est cruciale par rapport à la question de l’influence des médias. Au fond, les médias ont le pouvoir qu’on leur prête.

Un exemple d’œillère flagrant me semble être l’appartenance politique (comme le montre la figure ci-dessous). Statistiquement et grosso modo, si vous êtes de gauche, vous allez détester Sarko, et donc critiquer systématiquement tout média qui le présenterait de manière sympathique, ainsi que toutes ses idées, même si elles favorisent les plus démunis, par exemple. L’œillère fonctionne dans les deux sens : si vous êtes de droite et qu’il prend une décision tout à fait de gauche, vous l’approuverez malgré tout, alors que les personnes de gauche la désapprouveront. A propos de cet homme politique français, voici quelques propos qui contrebalancent le point de vue « Sarkozy manipule les médias » : sur base d’un sondage Marianne datant de 2001, Eric Brunet conclut que 6% des journalistes seulement seraient de droite. Des propos à fortement nuancer également (en fonction du pédigrée de leur auteur, notamment…), mais cela a le mérite de poser le débat.

Cohen, G.L. (2003). Party over policy : The dominating impact of group influence on political beliefs, in Journal of Personality and Social Psychology 85(5), 808-822.

Remarquez que les deux groupes d’appartenance se « trompent » : ceux de droite acceptent une décision de gauche, alors que ceux de gauche refusent une décision de gauche, simplement parce que celui qui la prend est étiqueté de droite.

Le magazine télévisé français « C dans l’air » du 2 janvier 2012 a pointé des résultats similaires. D’une part, que sur un indice de 10, les Français font confiance aux médias à hauteur de 5,7, ce qui n’est pas énorme. D’autre part, qu’en forçant le trait, les personnes qui font confiance au Figaro (quotidien papier de droite) ne font pas confiance à Libération (quotidien papier de gauche) et vice-versa.

« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui ».

Desproges

L’idée est que les médias ne posent pas tant la question de leurs contenus que de la façon dont le public les reçoit ; soit le fait de « gober » systématiquement (souvent ce qui est en accord avec notre façon de penser), soit le fait de rejeter systématiquement (tout ce qui va à l’encontre de ce qu’on pense. Cf. à ce sujet la problématique des théories du complot). Notez que les deux attitudes sont assez pauvres en termes de critique d’information : aucune ne donne de critère permettant de dire ce qui est fiable ou non, et pourquoi.

Il ne s’agit pas uniquement de raisons purement logiques, factuelles, mais aussi voire principalement de raisons socio-affectives.

En d’autres termes, les médias ne font en général que renforcer les clivages, les stéréotypes, appartenances, valeurs… déjà présents au préalable. C’est donc aussi notre propre manque de distanciation critique (critique entendue non au sens de reproche, mais de jugement nuancé) qu’il faut combattre. Il est très facile de critiquer le média qui défend les points de vue adverses, mais il faut se poser les mêmes questions par rapports à ceux qui défendent nos propres points de vue (la théorie du biais de confirmation, ainsi que l’avis de Ricoeur lorsque ce dernier écrit que « l’idéologie n’est jamais présentée qu’en troisième personne […] c’est toujours celle des autres », illustrent d’ailleurs parfaitement cela. Cf. aussi Les enjeux de la « décentration »).

Pour résumer, si les médias colportent en effet des idéologies, et malgré leurs dérives (qui sont peut-être plus rares que ne le laisse entendre le sens commun : tout comme « les médias parlent plus des trains qui déraillent que de ceux qui arrivent à l’heure », « les individus retiendraient plus les dérives que les cas « normaux ». Les dérives « font l’événement ») en réalité, ce sont bien souvent des idéologies déjà présentes dans la société, des choses qu’on ne remet pas en question tant on les considère comme évidentes.

Cela est donc loin de se limiter à une prise de position par rapport au clivage gauche-droite (car cette position, en général, vous l’adoptez par vous-même une fois pour toutes, et critiquez avec cette œillère), mais cela concerne l’ensemble des modes de pensée de la société qui les reçoit (capitalisme, relations femmes-hommes, valeurs, comportements, etc.).

En effet, la critique traditionnelle des médias pointe souvent des préférences particratiques. Quid par exemple de l’idéologie d’un clash nécessaire entre les idées ? Que « les » journalistes et « les » gens aient des opinions est normal, mais même des pseudo-intellectuels ne relèvent bien souvent que les petites phrases échangées entre les camps. Autrement dit, il ne s’agit pas de construire une connaissance partagée, mais juste d’apposer (au mieux) ou d’opposer des positions, sur le registre de la seule opinion. Si l’on sait aujourd’hui que les diverses joutes et débats ont un résultat difficile à mesurer quant aux votes (quid des millions d’euros dépensés en campagnes d’affichages et en papier ?), il me semble également légitime de s’interroger sur cette présentation qui lie intimement la discussion et la guerre… Cette idéologie – parmi d’autres – me parait bien plus pernicieuse que la question réductrice et trompeuse des préférences affichées ou non des journalistes. Elle ne se limite d’ailleurs pas à leurs pratiques, mais aussi aux façons de lire et interpréter de leurs publics. Au sujet de cette idéologie en particulier, lire mon article Lakoff, La discussion, c’est la guerre.

3.2. Des solutions

Je pense qu’il est possible de favoriser une éthique du journalisme et contrebalancer davantage cette logique capitaliste qui préfère l’audimat et le pouvoir à la vérité, ainsi que contrebalancer la tendance à la simplification abusive en arrêtant de postuler que les récepteurs ne comprennent rien et ne veulent rien comprendre (quand bien même cette thèse aurait des fondements factuels).

« S’il faut donner au public ce qu’il veut, il faut aussi lui proposer ce qu’il ne sait pas encore qu’il veut ».

Frank, C., Pourquoi l’information grand public est-elle si pauvre ? (site www.mediaculture.fr)

Un organe de contrôle indépendant pourrait posséder un pouvoir plus élevé, au moins en termes d’influence (quid des organes existant, comme le CSA, le Jury d’éthique pub ou encore le Conseil de déontologie journalistique – CDJ ?), avec la possibilité de soulever un débat démocratique, mais surtout d’insister sur l’émancipation citoyenne. A ce sujet, nous renvoyons à notre entretien avec Boris Libois : médias, éthique et régulation.

Médias, éthique et régulation : entretien avec Boris Libois

Par ailleurs, je dirais qu’il est intéressant d’interroger la neutralité des journalistes, même s’il ne faut pas non plus diaboliser ces derniers (justement, ce sont des citoyens avec leurs idées, valeurs…), car beaucoup essaient d’avoir les propos les plus honnêtes possibles, avec une grande bonne foi. Des valeurs peuvent être colportées inconsciemment, et en même temps il ne faut pas faire un procès d’intention à tous les médias dans leur ensemble. C’est par conséquent aussi au public de ne plus traiter de manière trop simpliste les informations, tout en prenant conscience de sa propre absence de neutralité… Il s’agit de tenter de faire la part des choses avant d’émettre un jugement. C’est la co-construction du message, en somme.

De manière plus générale, il semble intéressant d’interroger comment nous construisons l’information et la connaissance (fiable). Par quels biais sommes-nous amenés à croire du faux ? Il s’agit non seulement de mieux comprendre comment fonctionnent les médias, mais aussi plus largement la connaissance, avec ses différents intermédiaires (cognitifs, techniques sociaux…).

Pour tout cela, deux pistes, donc : instaurer une meilleure éthique journalistique, plus indépendante, et l’éducation citoyenne. Il s’agirait de créer des programmes éducatifs à la critique constructive, nuancée (qui n’est pas un simple rejet, un ensemble de « reproches », mais une réflexion) concernant notamment l’information, la violence, la morale, d’où qu’elles viennent. En d’autres termes, je pense que l’on peut aider les gens à « recadrer » ce qu’ils voient. Cela peut se traduire dans les cursus existants (sciences humaines, exemples issus des médias en français, fautes logiques en maths…) mais aussi éventuellement par des cours d’éducation aux médias, dans les écoles.

8 questions sur l’éducation aux médias

> Pour approfondir la question des médias, leurs dérives, influences, mais aussi le rapport social qu’ils suscitent, découvrez la catégorie médias de ce site.

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Notes

Initialement rédigé en 2007 et ayant fait l’objet de quelques mises à jour et corrections, cet article présente en quelque sorte une vulgarisation d’un ensemble de points de vue à l’égard de l’influence des médias.

Medias-influence-pouvoir-fiabiliteEn outre, il fait parfois état d’une critique issue d’un certain « sens commun » qui a tendance à rejeter et à prendre le contrepied de ces « méchants médias qui manipulent », sans pour autant que je partage ce point de vue.

Ce billet ne reflète donc que de manière partielle et tronquée tous les enjeux, mais permet à mon sens de poser des balises d’une analyse et/ou d’un débat sur la question de la fiabilité et l’influence des médias, en regard des questions de censure et de « manipulation » (une des raisons pour lesquelles j’ai rédigé Médias : influence, pouvoir et fiabilité). Le tout est à remettre dans le contexte global du site, en particulier de la catégorie médias, et d’écrits plus poussés (si l’on désire approfondir la réflexion dans un autre cadre, peut-être plus scientifique).

En d’autres termes, cet article n’a pas la prétention d’épuiser le sujet. Il propose une approche simplifiée d’un ensemble de points de vue permettant au lecteur, non de « donner de l’eau à son moulin » en termes de critique(s), mais bien d’interroger par lui-même son rapport aux médias, sans imposer de pseudo-recettes.

Celui-ci se veut surtout la mise à disposition pour le grand public de pistes de réflexions non tant par rapport aux mécanismes des médias (sans doute sur-traités, parfois mal traités, ou du moins mal reçus ?) que par rapport aux attitudes sociales, usages et discours, et à leurs raisons. C’est en ce sens davantage une remise en question au moins tout autant des médias en tant que tels que des discours qui sont émis à leurs propos, sorte de critique négative systématique qui au final n’a rien d’une réflexion.

La communication sur Internet n’est pas celle des revues scientifiques et certains articles manquent peut-être de rigueur. Je suis tâche de systématiser les propos tenus dans ce blog au fil du temps, tiraillé entre un public demandeur et l’exigence de légitimité et de fiabilité que ces sujets impliquent. Par conséquent, les contenus sont à prendre avec nuances, et à approfondir si vous êtes intéressé(e) !

4 commentaires

  1. D’abord c’est évident que la RTBF n’est pas neutre, c’est une TV de gauche, remplie de relais socialistes… Ensuite, les préjugés à l’égard des USA et de Sarkozy p.ex sont tellement ancrés dans la tête des gens que tout le monde, y compris les journalistes, en sont imbibés. Il suffit de lire un journal soi-disant ‘quality paper » comme Le Soir pour s’en rendre compte. Si on lit des journaux comme Libé ou le Monde diplomatique, alors c’est carrément ad nauseam…Je trouve ton article intéressant, c’est un sujet dont on ne parle pas assez. 🙂

  2. Merci pour cette opinion, Yves, ainsi que pour tes encouragements.

    Si tu as d’autres réactions, n’hésite pas…

  3. Votre article est très riche, avec des informations juste et raconté de façon objectif, je rédige justement un dossier documentaire sur une problématique semblable à la votre ou du moins qui y ressemble, et votre article m’aide beaucoup à construire mon raisonnement.

    Je vous souhaite bonne continuation et vous soutien pour ses informations que vous publiez.

     

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