Réserves à parler de « la » société

La « société », c’est un peu tout et son contraire. C’est une instance abstraite, qui est partout sans être nulle part. C’est un peu le problème de celle-ci. En général, lorsqu’on présente un lieu commun, on l’énonce sous la forme « la société d’aujourd’hui est telle que… », ou bien encore « les gens dans notre société sont comme ci ou comme ça ».

La référence est aussi facile qu’abstraite, et au fond peu rigoureuse. Ce genre de « références » doit mettre la puce à l’oreille du lecteur, doit éveiller son sens critique. Souvent, des ouvrages pseudo-scientifiques citent « de nombreux scientifiques » ou encore «  les scientifiques », de manière générale, pour présenter des pseudos-vérités. Il convient d’en prendre distance, en se demandant réellement d’où viennent les développements qui suivent. Ils sont malheureusement souvent un mélange de clichés, de mauvaises interprétations et de généralisations outrancières.

Parler de « la société », tout comme parler « des gens » ou « des scientifiques », c’est passer à côté de distinctions fondamentales, de nuances, de toute la complexité du monde. Même si il m’arrive également de m’exprimer de cette manière, je crois que l’important est de garder à l’esprit la démarche de « remise en question » d’assertions de ce type. Ainsi, si de tels comportements ne me semblent pas blâmables en tant que tels (si chaque chose devait être explicitée, ce blog ferait mille pages et plus), il convient de ne pas prendre « pour argent comptant » ce que « tous les penseurs » écrivent.

Le corps scientifique, tout comme la société ou les gens sont en fait des réalités morcelées, hybrides, complexes, plurielles. C’est d’ailleurs à mes yeux un des principaux apprentissages des sciences humaines et sociales.

C’est avec ces réserves que nous nous permettons de prendre en compte des observations d’ordre général sur « la société », concernant des contextes sociaux qui peuvent favoriser ou au contraire entraver l’exercice d’une liberté critique en regard des relations sociales qui sont en jeu (idéologies, systèmes sociaux, aliénation, etc.). Autrement dit, quels sont les éléments – voire systèmes – qui semblent plus ou moins propices à des relations harmonieuses, ou au contraire à des injustices ou des aliénations ?

Le tout tâchant de revêtir une attitude humble, ouverte à la critique constructive. Il s’agit bien souvent de tendances sociales, de majorités statistiques, et parfois même simplement d’hypothèses pour nourrir la réflexion : ces discours n’ont pour la plupart pas de prétention à l’universalité, c’est-à-dire d’être une parole qui vaudrait partout et pour tout le monde.

Il est également toujours question d’une ébauche de réflexion.

Ces problématiques soulevées dans la catégorie « société », dans certaines mentalités, nous développerons en quoi l’homme peut être inhumain (et donc, à l’inverse, authentiquement humain, en développant notamment la notion d’attention comme faculté morale d’ouverture à soi, aux autres et à autrui).