Médias : veille documentaire 2018

Je recense ici des ressources découvertes en 2018.

Critique du journalisme, téléréalité et éducation aux médias

« La vérité sur la téléréalité »

Autocritique des médias – L’examen de confiance (Libération)

Conspués, menacés, insultés et désormais de plus en plus souvent frappés, les journalistes vivent une sale période depuis deux mois. Les violences exercées contre eux le week-end dernier, vis-à-vis d’une équipe de la chaîne d’information LCI à Rouen notamment, ont ébahi la profession, désormais ciblée par certains extrémistes pour ce qu’elle est, et non pas pour ce qu’elle fait. De quoi faire craindre la possibilité imminente d’un drame. Le mouvement des gilets jaunes rappelle très durement aux médias la défiance dont ils font l’objet auprès d’une grande partie du public.

En 2019, une autre éducation aux médias est possible

Lucas Roxo et Amandine Kervella.

Les relations entre les médias et la population, et par extension l’éducation aux médias, me fascinent depuis que je suis journaliste. C’est pourquoi, depuis 2014, j’interviens dans de nombreux établissements scolaires, des associations, des clubs de prévention, et je participe à de nombreux dispositifs gouvernementaux comme les « résidences de journalistes* ». A priori, je devrais donc avoir rencontré une réelle diversité de profils de « potentiel.le.s complotistes ».

Mais depuis 2014, les ateliers qu’on m’a demandé ont toujours été auprès du même genre de personnes : des jeunes, habitant en quartier populaire, souvent issu.e.s de l’immigration.

Que signifie éduquer au numérique ? Pour une approche interdisciplinaire

Médias, ce n’est pas le moment d’abandonner les commentaires, ni l’interaction avec vos lecteurs !

Les commentaires et les interactions sur les sites d’information sont en voie de disparition. Mauvaise nouvelle pour les médias qui ne font ainsi qu’accentuer leurs difficultés, sur le long terme.

Le défi posé aux médias par les « gilets jaunes » est aussi linguistique

Mais Facebook n’existe pas encore lorsque Libération pose cette même question à Pierre Bourdieu en 1979 (entretien retranscrit dans Questions de sociologie aux Éditions de Minuit). Alors voilà le moyen d’opposition aux valeurs dominantes que formule le sociologue : « Résister aux paroles, ne dire que ce qu’on veut dire : parler au lieu d’être parlé par des mots d’emprunt chargés de sens social, ou par des porte-paroles qui sont eux-mêmes parlés. Résister aux paroles neutralisées, euphémisées, banalisées, bref à tout ce qui fait la platitude pompeuse de la nouvelle rhétorique énarchique mais aussi aux paroles rabotées, limées jusqu’au silence, des motions, résolutions, plates-formes ou programmes. Tout langage qui est le produit du compromis avec les censures, intérieures et extérieures, exerce un effet d’imposition, imposition d’impensé qui décourage la pensée. On s’est trop souvent servi de l’alibi du réalisme ou du souci démagogique d’être compris des masses pour substituer le slogan à l’analyse. Je pense qu’on finit toujours par payer toutes les simplifications, tous les simplismes, ou par les faire payer aux autres ».

« C’est mon argent », journalisme d’optimisation patrimoniale pour les riches

Internet et médias sociaux

Les écrans, c’est méchant ? – Psykonnaissance #14

Camille Alloing, Julien Pierre, Le Web affectif. Une économie numérique des émotions

L’ouvrage de Camille Alloing et Julien Pierre présente les premiers résultats d’un programme de recherche qui questionne l’émergence d’une économie numérique des émotions. Cependant, dès l’introduction (pp. 9-16), les auteurs mobilisent un concept plus large, l’affect, qui est selon leur propos « un élément qui circule entre les corps, et certains dispositifs numériques tendent à faciliter cette circulation » (p. 11). À l’aube d’une période où « un mélange s’opère entre le vivant et l’artificiel » (Franck Renucci, Benoît Le Blanc, Samuel Lepastier, « Introduction générale », Hermès, La Revue, 68, 2014, pp. 11-14, ici p. 11), imaginer un espace de médiation où s’entremêleraient affects, corps, messages et technique semble s’inscrire dans un débat pertinent en sciences de l’information et de la communication (SIC). De plus, les auteurs – étant eux-mêmes chercheurs en SIC – proposent une approche identifiée de la discipline en s’inscrivant dans la « circulation (des signes, des informations, des idées, etc.) » (p. 102) d’une part, et dans les médiations humaines et techniques, d’autre part.

La première règle du YouTube Fight Club, c’est de faire parler du YouTube Fight Club

Dans le sillage du combat avorté Alain Soral vs. Raptor Dissident, YouTube devient un grand champ de bataille où on résout les clashs et affirme sa virilité à coup de MMA.

Pentagon Wants to Predict Anti-Trump Protests Using Social Media Surveillance

A series of research projects, patent filings, and policy changes indicate that the Pentagon wants to use social media surveillance to quell domestic insurrection and rebellion.

Vidéosurveillance : paradigme du technosolutionnisme

La lecture du livre du sociologue Laurent Mucchielli (@lmucchielli), Vous êtes filmés ! Enquête sur le bluff de la vidéosurveillance, m’a profondément déprimé. Elle m’a profondément déprimé parce qu’elle montre que ceux qui n’ont cessé de dénoncer l’inutilité de la vidéosurveillance n’ont absolument pas été entendus. Ils ont été laminés par le bulldozer d’une désinformation sans précédent… alors même que les constats initiaux sur l’inefficacité de la vidéosurveillance (voir notamment les articles de Jean-Marc Manach de 2009 et 2010 ou encore le dossier que consacrait déjà en 2010 Laurent Mucchielli sur son blog) n’ont cessé d’être confortés par les rares évaluations qui ont eu lieu. Après des années de développement, la vidéosurveillance, rapportée à son coût, ne sert toujours à rien et pourtant, elle s’est imposée partout.

Procès d’un cyberharceleur de l’ex actrice porno Nikita Bellucci : ce n’est pas grave, « c’est sur internet »

« Comprenez-vous que vos propos sont graves et violents ? » Le prévenu : « Non, j’ai pas compris ça, non. Parce que c’était sur internet ».

Facebook forme les chômeurs, Google forme les étudiants. Et les universités vous emmerdent.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, on vient d’apprendre que le 6 Mars Microsoft avait inauguré à Paris une « école de l’IA ». Alors attention hein, ne vous enflammez pas. C’est en fait plus une toute petite « classe » qu’une « école » et davantage une énième opération de communication visant à stabiliser les marchés passés avec l’état que d’une ambition de former vraiment des gens. On parle en effet ici de « 24 étudiants« , « entre 19 et 39 ans« , « en reconversion professionnelle, éloignés de l’emploi ou décrocheurs scolaires » qui en sept mois plus un passage en alternance dans 7 entreprises partenaires de Microsoft (ben oui), vont devenir … des « techniciens de l’IA« . Bien sûr comme il y a « Microsoft » et « IA » le secrétaire d’état Mounir Mahjoubi, à force de se titiller le numérique avec le digital, s’est fendu d’un énième orgasme éructant haut et fort que : 

Fake news, fact-checking et biais cognitifs

On ne peut pas ne pas croire : psychologie sociale et vulnérabilité aux « fake news »

Si nous croyons, comme Descartes, que nous fonctionnons comme des écluses, et qu’on arrive donc à filtrer l’information, on ne se rendra pas compte qu’on a été influencé par l’information fausse et que celle-ci colore nos jugements. On peut du reste formuler l’hypothèse suivante: plus on se croit cartésien – à tort – plus on est vulnérable aux fake news.

Intox, polarisation, risques de manipulation : les leçons de la présidentielle vue de Twitter

Des chercheurs publient mercredi une analyse de plus de 60 millions de tweets liés à la campagne présidentielle française de 2017.

Study : Religious fundamentalists and dogmatic individuals are more likely to believe fake news

New research provides evidence that delusion-prone individuals, dogmatic individuals, and religious fundamentalists are more likely to believe fake news. The study, which appears in the Journal of Applied Research in Memory and Cognition, suggests that the inability to detect false information is related to a failure to be actively open-minded.

Susceptibility to fake news is driven more by lazy thinking than partisan bias

The spread of fake news may have less to do with ideological blinders and more to do with a lack of thinking, according to new research published in the journal Cognition.

« La désinformation n’a souvent rien à voir avec l’engagement politique véritable »

Pour enrayer la propagation de fausses informations, cibler les contenus est insuffisant, estime la chercheuse Francesca Musiani. Il faut s’en prendre au fonctionnement même du Web, qui privilégie les contenus sensationnalistes.

Pourquoi le fact-checking ne suffira pas à gagner la guerre contre la désinformation

Non, il ne faut pas de carte de parti pour devenir journaliste à la RTBF

C’est une critique récurrente qui nous revient depuis des années. Pour devenir journaliste à la RTBF, il faudrait avoir une carte de parti et notre information serait orientée en fonction des pressions diverses et variées auxquelles nous serions soumis, notamment celles d’un Conseil d’administration politisé.

Eddy Caekelberghs, ou le tabou des préférences politiques des journalistes

« C’est peut-être faux mais ça aurait pu être vrai », le slogan de la post-vérité

La vérité n’est plus aujourd’hui qu’une valeur parmi d’autres, qu’on peut juger parfaitement accessoire au nom de la défense d’autres valeurs plus légitimes.

L’heure des groupes Facebook est venue, ce n’est pas exactement le plan anti-fake news qu’on nous avait vendu

Les contenus des groupes Facebook vont remplacer en partie les contenus postés par les médias et les marques.

En annonçant vouloir réduire la place des pages publiques pour donner plus de place aux contenus des amis et de la famille, Facebook a semé la panique. Un immense krach de l’attention s’annonce : c’est la fin de l’open-bar, le nombre d’impressions des messages de pages Facebook pourrait bien s’effondrer pour les médias et les marques.

Mais peu de monde s’est demandé qu’est ce qui allait pouvoir remplacer les contenus des pages publiques.

Cet article est publié sur un site noté 6,5 sur l’échelle de la confiance Facebook

Pour lutter contre les fake news, Facebook va lancer un système de notation du sérieux des médias.

Décidément, c’est la saison de Facebook. Après avoir annoncé un changement de son algorithme pour favoriser les contenus des amis par rapport à ceux des médias, Mark Zuckerberg vient de lâcher une deuxième annonce majeure : la mise en place d’une notation des médias les plus crédibles.

Cette fois-ci, l’objectif est clair. Il s’agit de lutter contre le «sensationnalisme, la désinformation et la bipolarisation» et honorer enfin la promesse de Facebook de lutter contre les fake news.

Qu’est-ce qui nous pousse à partager des points de vue qui nous indignent ?

On les juge rétrogrades ou immorales, elles nous font soupirer, rager… Pourtant, un réflexe quasi-pavlovien nous pousse à publier, retweeter, commenter et in fine bombarder lesdites idées sur le devant de la scène.

Sonder les croyances complotistes

Petite analyse critique du récent sondage sur le conspirationnisme. 79% des français croiraient à au moins une théorie du complot. En est-on bien sûr ?

Polarized Mass or Polarized Few ? Assessing the Parallel Rise of Survey Nonresponse and Measures of Polarization

In this study, we argue that the perceived polarization of Americans along party lines is partially an artifact of the low response rates that characterize contemporary surveys. People who agree to participate in opinion surveys are more informed, involved, and opinionated about the political process and therefore hold stronger, more meaningful, and partisan political attitudes. This motivational discrepancy generates a bias in survey research that may amplify evidence of party polarization in the mass public. We test the association between response rates and measures of polarization using individual-level data from Pew surveys from 2004 to 2014 and American National Election Studies from 1984 to 2012. Our empirical evidence demonstrates a significant decline in unit response that is associated with an increase in the percentage of politically active, partisan, and polarized individuals in these surveys. This produces evidence of dissensus that, on some issues, may be stronger than exists in reality.

Scandale Facebook : « Pas besoin de fake news pour manipuler l’opinion publique »

Fabrice Epelboin, spécialiste des réseaux sociaux, décrypte le scandale Cambridge Analytica, cette société de communication qui a subtilisé des millions de données personnelles à des usagers de Facebook au profit de la campagne de Donald Trump.